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Bouche et oralité au cœur de la vie de l’enfant

La bouche est lieu de sensations nombreuses et variées, associées à des émotions parfois intenses. Elle est aussi moyen privilégié de découvertes, d’expression et d’échange et de relation.

· La bouche, lieu de sensations

La bouche est pourvue d’un grand nombre de récepteurs sensoriels qui lui donnent une très grande sensibilité pour percevoir goûts, consistances et matières. Dès la vie intra utérine, le fœtus distingue les variations du liquide amniotique. Il s’en imprègne et les mémorise. Il montre des préférences en déglutissant plus fort du liquide sucré et en faisant la grimace lorsqu’il sent des saveurs amères. (cf Benoist Schaal, biologiste spécialiste du goût et odorat du foetus)

A la naissance, le bébé manifeste sa reconnaissance de ce dont il s’est imprégné : l’odeur et le goût de sa maman, liée en partie à ses habitudes alimentaires.

Au fur et à mesure des semaines et des mois, lui seront proposés des goûts, des températures, des aspects et consistances différentes. Ainsi son répertoire sensoriel s’enrichit et se diversifie. Elle deviendra également lieu de douleurs, lors des poussées dentaires.

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· La bouche, zone d’activité motrice réflexe et intentionnelle

In utero, le bébé est déjà actif. Il peut téter son pouce, lécher le placenta, il ingurgite du liquide amniotique et le régurgite. A la naissance, il tâtonne avec sa bouche vers le sein ou le biberon. Il tête et déglutit, plus ou moins facilement, plus ou moins rapidement. Il est actif devant ce qui lui est proposé, il peut ouvrir ou fermer la bouche, puis tourner la tête, repousser ce qui lui est proposé. Il peut déjà imiter des mouvements de bouche et de langue. Il crie, il sourit.


· La bouche, pleine d’émotions

L’ensemble des sensations buccales sont associées à des ressentis de réconfort, plénitude, plaisir ou déplaisir, surprise ou dégoût. Plaisir du réconfort après la faim, plaisir de l’activité de succion, apaisement et réassurance. Plaisir ou déplaisir liés à certains goûts et consistances. Inconfort et douleur, selon les sensibilités individuelles, les vécus de chaque bébé, les difficultés digestives et les douleurs qui peuvent s’y associer. Mémoires parfois de douleurs, irritations, intrusions liées à certains gestes de soins, parfois nécessaires (intubation, gavage…)


Le bébé perçoit également en profondeur les émotions des adultes qui prennent soin de lui. Il les fait siennes. Or, les temps de « nourrir et permettre à l’enfant de se nourrir » sont aussi très chargés en émotions pour les parents, selon leurs propres histoires et celles liées à la vie de cet enfant. Plaisir de nourrir son bébé, plaisir que celui-ci mange bien, plaisir de ce « être ensemble » et de cette rencontre. Mais aussi inquiétudes s’il ne mange pas bien, pas assez, pas comme attendu et espéré. «Mange-t-il assez ? Est-ce que je lui donne ce qu’il faut ? »

Le parent est souvent traversé d’inquiétudes pour la santé de son enfant et de questionnements sur sa compétence de « suffisamment bon parent. « Nourrir « est une des premières fonctions de « maternage ». Le prendre soin passe bien souvent par « je te propose à manger ». L’alimentation n’est pas seulement nutritive elle est aussi langage d’amour, de relation, et de convivialité, tout au long de la vie. « Je t’aime, je prends soin de toi, je te donne à manger ; Tu m’aimes, tu acceptes ce que je te propose»



· La bouche, outil de découverte et d’exploration de l’environnement

L’enfant utilise également sa bouche pour découvrir son environnement. Elle lui apporte des informations plus fines, que celles transmises par les mains ou les yeux. Elle est à la fois moyen de connaissance des objets et de plaisir de sensations variées (matières, formes, gouts, volumes, textures, poids). Plus l’enfant peut utiliser sa bouche, plus il enrichit son répertoire. Ainsi, en grandissant, il aura de moins en moins besoin de sa bouche comme outil de découverte. Ses yeux et ses mains lui suffiront.


Cet outil d’exploration peut aussi devenir moyen de défense lorsque l’enfant se sent lui-même « attaqué » dans son espace, son territoire, ses activités de jeu, ses besoins. La morsure est rapide et impulsive, lorsque l’enfant éprouve angoisse, malaise, insécurité, douleur, peur de trop de proximité, volonté impérieuse d’explorer tel objet…. Elle est un moyen archaïque de défense de ses besoins et envies.



· La bouche, zone de passage du dehors vers dedans

Boire et manger, c’est laisser et faire entrer ce qui vient du dehors dans son intérieur.

L’enfant ouvre ou ferme, avale ou recrache, selon ses particularités sensorielles, les émotions associées et ses possibilités motrices. Les dégouts, les aversions transitoires ou plus durables sont normales et fréquentes. Les enfants trient, filtrent, évitent, rejettent, choisissent selon leurs ressentis. Il s’agit de leur intériorité, de leur intimité, importantes à respecter.

Laisser entrer ou pas est leur première possibilité d’action sur leur corps, de dire oui ou non, de consentir ou non. L’enfant n’a donc pas à manger par forcing ni pour faire plaisir.



· La bouche, zone d’expression du dedans vers le dehors

Le bébé expérimente également progressivement ses possibilités d’émission de son, d’extériorisation, de production sonore. Il peut prendre plaisir à ces sensations buccales liées à l’émission, mais aussi à ce qu’il entend de ses propres productions. A certaines périodes, il peut aussi expérimenter sa capacité à cracher, la purée comme plus tard sa salive.

Il a surtout plaisir à travers ses gazouillis et babillages, aux échanges et dialogues préverbaux : écouter, regarder, s’exprimer, à tour de rôle.

La bouche devient ainsi outil de la relation à l’autre, aux autres, outil du langage.

L’enfant est actif pour s’exprimer de façon intentionnelle, pour laisser sortir ou pas sa voix, ses mots, selon ce qu’il vit et ressent de son environnement. Suis-je en sécurité si j’émets ? M’écoute-t-on ? Me répond-on ? Personne ne peut le forcer. L’émission, la production de sons, de mots vient de lui, de son sentiment de sécurité, de la place qu’il perçoit pour lui dans son environnement.


Ainsi, la bouche est véritablement centrale dans la vie, outil d’échanges et de relation.

Elle est utile autant pour se nourrir que pour entrer en relation. Elle est outil des premiers sourires, des premiers gazouillis, de manifestations émotionnelles par ses mimiques, des premiers dialogues. Outil du langage, de la capacité à s’exprimer, à prendre sa place au milieu des autres, à faire entendre sa voix.



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